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04. Dépoussiérer l’apprentissage de l’anglais, avec Jeanne Lesbordes

Ceci est la transcription textuelle de l’épisode n° 4 du podcast « Le Barboteur » disponible sur votre plateforme d’écoute préférée.

Épisode enregistré le 03 octobre 2022 et diffusé le 25 novembre 2022.

Sommaire

Introduction

—  Laurent : Bienvenue sur le Barboteur, le podcast qui explore et révèle la diversité créative.

Je m’appelle Laurent et aujourd’hui, je t’emmène à la découverte de Jeanne. Jeanne est LA prof d’anglais que beaucoup d’élèves auraient aimés avoir : souriante, dynamique et surtout complètement déjantée.

Elle a fait une arrivée tonitruante sur LinkedIn et TikTok au printemps 2022 avec un concept de micro-learning aussi simple que génial qui lui permet de dépoussiérer l’apprentissage de l’anglais.

Dans cet épisode, elle explique son parcours, comment elle est passée de chercheuse à l’Inserm à Tiktokeuse, son organisation et ses apprentissages.

C’est un témoignage sincère et sans filtre d’une créatrice de contenus qui débute et doit batailler avec les algorithmes et la bêtise humaine. 

Bonne écoute !

Présentation de Jeanne

— Laurent : Salut Jeanne. Bienvenue.

— Jeanne : Salut Laurent.

— Laurent : Je suis content de t’avoir, parce que tu es apparue en fait dans mon flux LinkedIn il y a quelques mois maintenant, et je trouve que tu amènes un contenu hyper rafraîchissant.

— Jeanne : C’est gentil !

— Laurent : C’est sincère !

Tu es quelqu’un qui a le sourire aussi et je pense que l’on va passer un bon moment ensemble. Et j’espère que notre auditoire et notre lectorat aussi.

— Jeanne : Je l’espère aussi !

— Laurent : Ensemble, on va voir comment toi, tu exploites les réseaux sociaux pour dépoussiérer l’apprentissage de l’anglais. C’est un peu le fil rouge de l’épisode.

— Jeanne : Je vais te donner ma faible expérience.

Je suis un bébé sur les réseaux sociaux, mais j’apprends vite. Alors, j’ai peut-être des trucs à vous dire.

— Laurent : C’est justement ça qui m’intéresse.

Je ne cherche pas que des personnes qui sont là depuis longtemps et qui maîtrisent toutes les subtilités des algorithmes.

J’ai aussi envie de donner la parole à des jeunes créateurs et créatrices de contenus.

— Jeanne : Parfait !

— Laurent : Avant de commencer, pour que tu puisses te présenter, je pose à mes invités une question très simple : Qu’est-ce que tu réponds quand on te demande, dans la rue ou à une soirée, ce que tu fais dans la vie ?

— Jeanne : Alors, c’est une très bonne question parce que ce n’est pas forcément facile de répondre en une fois. Je te dirais que…

En fait, ça fait longtemps qu’on ne m’a pas posé la question formulée ainsi.

Je dirais qu’en ce moment ma ligne de conduite, c’est de rendre l’anglais plus fun et plus accessible pour tout le monde.

— Laurent : C’est un bon résumé, je pense.

— Jeanne : Bon, tant mieux.

Découvrez Jeanne dans cette vidéo TikTok.
(Ouverture dans un nouvel onglet)

Sa vision de la créativité

Sa définition de la créativité

— Laurent : Ce qui m’intéresse dans ce podcast, c’est de questionner la notion de créativité. Je cherche à montrer que l’on n’a pas besoin d’être peintre, sculpteur, ou autre pour être créatif. Il y a une multitude de façons de l’être et que la créativité s’exprime différemment.

Pour toi, ça veut dire quoi être créatif ?

— Jeanne : C’est rigolo parce qu’en première instance, je t’aurais dit quelque chose comme :

Tu sais, je ne suis pas une artiste, je ne suis pas un peintre, je ne suis qu’une “vulgaire petit prof“.

Je n’ai pas de prétention de me démarquer, si ce n’est que je me suis rendu compte que ma différence était déjà en moi depuis tout le temps : c’était la musique.

Finalement, être créatif, c’est certes avoir des idées, mais c’est aussi les concrétiser à ta sauce. Avoir ta patte.

Comme je suis un jukebox ambulant, je me suis rendu compte que ce qui était facile pour moi, c’était de trouver la chanson associée à une règle de grammaire.

C’est quelque chose qui me vient, comme ça, spontanément. Au final, je me suis dit que ce n’est pas donné à tout le monde de faire ça. Tout le monde n’arrive pas forcément à mettre en relation plusieurs chansons.

L’idée, c’est de se faire plaisir avec la musique.

Mon savoir-faire, c’est d’avoir des milliards de chansons dans la tête. Et pourtant, pendant une période, j’ai souhaité alléger ma mémoire en enlevant tout ce qui ne sert à rien.

Je me disais que je connais trop de chansons et que tout le monde s’en fout. Eh bien, pas du tout !

— Laurent : Ça sert forcément un jour ou l’autre.

— Jeanne : Tout à fait.

Il ne faut donc jamais renier son expérience, son parcours. C’est ça qui est marrant : ta différence vient de ta vie à toi et de ce que tu as choisi d’en faire.

Donc, être créatif, c’est avoir des idées et les concrétiser.

Parce que des idées, tu peux en avoir des millions au quotidien. Mais, il faut avoir soit la folie, soit le courage de passer à l’action. Et ce n’est pas forcément très simple.

L’importance du passage à l’action

— Laurent : J’aime bien cette notion de passage à l’action. Parce que tu peux être créatif, mais si tu ne l’exprimes pas, ça ne reste qu’une idée ou une inspiration.

— Jeanne : Tout à fait.

Au début, je cherchais ce qui pouvait me différencier d’autres profs d’anglais. Parce que des profs d’anglais, il y en a des milliards !

L’idée de la Méthode French était là avant que je commence à tourner des vidéos puisque j’avais déposé le nom, cherché des images et payé un dessinateur pour avoir mon logo. J’avais quand même anticipé des trucs.

Au final, parmi ce que je suis capable de faire, j’ai cherché ce qui me faisait le plus plaisir, ce qui m’éclatait le plus. C’était la musique.

Sa particularité : ne pas être une prof « chiante ».

— Laurent : Juste pour contextualiser pour les personnes qui nous écoutent ou nous lisent et qui ne te connaissent pas : on va y revenir en détail dans le podcast, mais ta particularité, c’est que tu exploites la musique pour faire une petite leçon d’anglais.

Ce sont des formats très courts de 2 à 3 minutes, grand maximum. Tu prends un petit extrait de chanson ou de plusieurs chansons et tu en tires une règle grammaticale ou syntaxique.

— Jeanne : Voilà, c’est ça.

 J’ai toujours voulu avoir un angle d’attaque de l’anglais pas chiante. Depuis le début « prof déjantée », ça a toujours été mon truc.

Mon premier angle d’attaque, c’étaient les idiomes, les expressions idiomatiques.

Pour le coup, je trouve ça hyper intéressant parce que culturellement, tu as un choc entre le français, l’anglais et les autres langues. Je trouvais cela très intéressant.

C’est un contenu qui a de la valeur. Quand j’ai commencé à le mettre en vidéo sur TikTok, ça plaisait bien aussi, mais pour moi, il n’y avait pas la dimension affective et émotionnelle qu’il y a avec la musique.

Quand il y a la musique, ça touche au cœur direct. Et, si ça touche au cœur, ça touche au cerveau. Si tu la connais, tu te remémores le moment où tu l’as découverte. Si tu ne la connais pas, c’est plus neutre et tu prends l’information comme tu la prendrais si je parlais normalement.

Mais, si tu es sensible, dès que tu entends les premières notes, tu reconnais ton slow fétiche ou autre chose. Ça te met dans une émotion qui fait qu’après, tu es réceptif différemment.

Parfois, j’alterne avec d’autres posts qui présentent juste une règle grammaticale, je m’aperçois que sans la musique, ça n’a pas le même impact, la même saveur.

— Laurent : Toi, ta touche de créativité, elle est vraiment sur ton approche de la formation et l’apprentissage de l’anglais.

Du coup par rapport à cette définition que tu donnes, est-ce que maintenant, tu te considères comme quelqu’un de créatif ?

Découvrir sa créativité dans le regard des autres

— Jeanne : Du coup, oui. 😄

En fait, ce sont les autres qui m’ont fait prendre conscience que cette façon de faire était originale, était touchante et qu’elle créait de la complicité.

Et que réussir ça, ce n’était pas forcément à la portée de n’importe qui.

Il faut, d’abord, trouver la bonne chanson et le bon extrait, puis faire preuve de pédagogie et expliquer correctement ce qui se passe dans la chanson.

C’est là que je me suis dit :

C’est le bon compromis de qui je suis : il y a le côté fun et le côté pédagogique.

Comme tu le disais, c’est un format court. J’ai entre une minute et demie et trois minutes. Ça ne fait pas beaucoup de temps pour expliquer.

Construire un message en 3 minutes, c’est quand même un exercice de style où tu ne peux pas te rater. Ce n’est pas évident.

Maintenant, je peux le dire : « Oui, je suis créative ».

— Laurent : Un des objectifs du podcast, c’est d’illustrer la diversité dans de la créativité et de montrer qu’elle s’exprime de plein de façons différentes.

Chacun à notre niveau, avec notre manière de faire, on est tous un peu créatifs.

— Jeanne : Exactement.

Mais, souvent, il faut un œil extérieur pour le voir. Tu fais tes choses dans ton coin et pour toi, c’est normal.

C’est rare qu’on se lance des fleurs en se disant que ce qu’on fait, c’est bien. C’est l’œil extérieur qui te fait dire que c’est original. Dans mon cas, le regard des autres est venu m’aider à en prendre conscience.

Créer pour soi ou pour les autres ?

— Laurent : Je te propose un petit exercice de projection : si tu étais la dernière personne sur Terre, est-ce que tu continuerais quand même à faire tes vidéos, à créer tes contenus ou non ?

— Jeanne : Pour les envoyer vers l’espace et qu’un jour, on ait un témoignage de ce qui se passe ? Oui ! (Éclat de rires.)  

— Laurent : Ça peut être aussi juste pour toi.

— Jeanne : Juste pour moi ?

Écoute, je t’avoue que quand je fais ce que je fais, c’est très structurant pour moi.

Utiliser l’anglais, je le fais depuis longtemps, mais dans ce format-là, c’est plus récent.

Cela m’oblige à une certaine discipline, à avoir des extraits tout prêts, mieux sélectionnés que le bordel qu’il y a dans ma tête.

Parce que, dans ma tête, il y a quand même beaucoup de chansons ! C’est donc une espèce de discipline qui me plaît bien. Qui me prend du temps, mais qui me plaît bien.

Surtout que maintenant, j’essaie un peu d’évoluer et d’étoffer aussi des posts pour utiliser plusieurs chansons et pas qu’un extrait. On m’a aussi suggéré de mettre des bonus, donc je me demande ce que je peux mettre en bonus pour apporter encore plus de valeur. J’essaie donc de structurer de plus en plus.

Il faudrait que je filme de l’extérieur ce qui se passe quand j’écoute des chansons. Clairement, je me fais super plaisir, il faut être honnête. Ce n’est pas une trop grosse contrainte.

Je pense que je continuerai à tourner rien que pour moi.

— Laurent : En fait, l’objectif de la question, c’est de savoir si tu crées pour les autres (pour leur transmettre un message ou pour simplement ton business) ou par plaisir personnel et pour travailler une certaine gymnastique mentale que peut apporter la création de contenu ou la création de manière générale.

— Jeanne : Si tu veux, avant de lancer la Méthode French, je travaillais avec les idiomes et je me prenais plus la tête que je ne prenais de plaisir.

Les internautes trouvaient ça bien, mais moi, je n’y prenais plus de plaisir.

Je ne crée pas que pour le business. Un jour, quelqu’un m’a dit :

« Tu sais, si tu cherches juste des clients sur TikTok, tu n’as qu’à faire des cours d’anglais à poil et tu auras plein de followers. Et même à 100€ de l’heure, les gens paieront ».

Ça m’a amené à me poser la question de ce que je recherche.

Je ne cherche pas forcément à faire de l’audience dans un certain domaine… Je cherche à faire quelque chose qui me plaît, où je suis droite dans mes bottes.

Je veille aussi à retranscrire dans mes contenus le plaisir que je prends à écouter des chansons et à transmettre. D’après les commentaires que je reçois, j’ai l’impression que c’est une mission réussie.

Son credo : rester naturelle et laisser sa personnalité s’exprimer

— Jeanne : Et puis, je suis vraiment nature. C’est-à-dire que tu me vois dans mes vidéos telle que je suis dans la vie. Je parle comme ça, je m’habille comme ça, je me coiffe comme ça, je ne me maquille pas comme ça.

Je vois des influenceuses ou des personnes dont j’admire le maquillage, etc. Mais, moi, je suis incapable de faire ça. Ce n’est pas moi.

Au départ, j’avais vachement peur parce que l’on m’avait dit qu’en allant sur les réseaux, il fallait que je fasse attention à mon image, sinon, j’allais me faire défoncer.

Je n’ai pas envie de me dire que je vais passer du temps à maquiller, à me lisser, à rechercher la lumière parfaite, etc.

Finalement, ce n’est pas du tout ce qui se passe. Au final, on me dit que je suis naturelle, qu’on me reconnait et que je suis vraiment comme ça dans la vie. Du coup, j’ai plutôt un retour super positif.

Finalement, ce que je pensais être un inconvénient, n’en est pas un. Y compris dans le format. On parlera des différents réseaux, mais, par exemple, sur LinkedIn, la vidéo, n’a pas un très gros reach, comparé aux carrousels ou aux posts écrits. Et bah, finalement, ma personnalité passe.

Les gens qui décident de me suivre – même s’il n’y en a pas énormément, il y a quand même de plus en plus chaque jour – il y a une proximité qui se crée. Ils me reconnaissent, ils savent qui je suis. Et ça, pour le coup, c’est cool,

— Laurent : Ce qui frappe quand on regarde un peu tes vidéos, c’est vraiment ton côté naturel et spontané. Dans le ton que tu emploies, mais aussi d’un point de vue vestimentaire. Tu es habillée comme dans la vie de tous les jours.

Contrairement à des personnes qui font des vidéos sur LinkedIn (je ne parle pas de TikTok ou Instagram, qui sont des réseaux de l’image), tu as parfois l’impression qu’elles ont passé des heures à choisir la tenue qui va bien et, quand il s’agit de femmes, le maquillage qui va bien.

Toi, tu es spontanée. Du coup ça tranche.

— Jeanne : Peut-être que finalement, mon originalité, c’est d’être comme tout le monde, pas tirée à 4 épingles.

Cela dit, tu sais, je me suis posé des questions.

Au départ, je me suis dit que comme j’ai créé la Méthode French, j’allais acheter des plumes bleues, blancs, rouges pour avoir un petit truc dans les cheveux. Je m’étais aussi dit que j’allais trouver une marque de textile française et leur demander si elles voulaient bien me sponsoriser. Je voulais être habillée, éthiquement, en français.

Je m’étais projetée sur certains problèmes de cohérence. Pareil dans mon discours.

Ça a l’air tout con, mais je suis une personne très visuelle. Donc, pour l’instant, dans mes vidéos, j’ai rarement mis les mêmes tenues 2 fois. Je sais que la vidéo avec un t-shirt vert, c’est celle où j’explique telle règle, alors que la vidéo avec un t-shirt rouge c’est celle où j’explique telle autre règle. Je suis visuelle à ce point.

Au bout d’un moment, je me suis dit que je n’allais quand même pas changer de t-shirt tous les jours !

— Laurent : Ça fait beaucoup de t-shirts !

— Jeanne : C’est ça ! (Rires).  

Je me disais : « Là, ça fait 2 mois, tu vas faire comment ? Et puis, pour l’hiver, tu vas faire comment ? Tu n’as pas 35 doudounes, tu n’as pas 42 sweats. »

Quand j’étais en vacances à Saint-Jean-de-Luz, j’ai tourné 2-3 vidéos.

Je me suis dit, que j’allais essayer d’aller voir les marques locales pour elles voudraient bien me sponsoriser, genre 5 posts. Tu vois elles me prêtent, je n’achète pas, 5 t-shirts. Puis je leur rends ces t-shirts que j’aurais portés 3 minutes, juste pour varier.

Comme je ne restais qu’une semaine et que j’ai fait ça le mercredi, j’ai laissé tomber, car à chaque fois, on me renvoyait vers la direction marketing. Mais bon, s’il y a des sponsors qui m’entendent. 😉

— Laurent : Il y a une garde-robe à remplir chez Jeanne ! 😂

— Jeanne : Voilà. Il y a une garde-robe à renouveler quotidiennement. 😆

Ça a l’air tout con, tu vois, mais je me suis posé la question. Après, je me suis dit que ce n’est pas éthique d’acheter des tee-shirts rien que pour tourner. D’autant que je n’ai pas les moyens non plus.

Je me suis aussi demandé comment j’allais faire l’hiver, maintenant qu’il fait moche et que je suis en doudoune ou en sweat.

Comment je vais faire pour trouver des fonds originaux, maintenant qu’il pleut de plus en plus ? Je ne peux plus tourner en extérieur, ce qui me pose un problème, car comme tu l’as vu, je suis toujours en extérieur pour tourner.

 Je rencontre des problématiques que je n’avais pas forcément anticipées au début. Mais bon, ça fait partie du game et ça me fait rigoler.

Une spontanéité travaillée ?

— Laurent : Une question que je me posais : est-ce que c’est du personal branding ou juste de la spontanéité ? Finalement, c’est un peu les deux ? 

— Jeanne : Non, c’est vraiment de la spontanéité.

Je vais être honnête, j’ai fait du théâtre, je suis capable d’être un personnage, ça ne me pose pas de problème. Mais, je ne voyais pas l’intérêt de créer un personnage qui serait prof d’anglais alors qu’au final, les personnes qui me connaissent savent comment je suis.

Tu vois quand je mets l’intro des chansons dans mes vidéos, c’est parce que je suis une championne de blind test. On fait des concours de blind test l’été. Je me retrouve toujours à hurler sur la table : « C’est telle chanson ! ».

Donc, rien que le fait de mettre des intros, c’est une partie de moi, c’est le côté championne de blind test. Je ne donne pas le titre avant pour les gens qui ont envie de jouer et envie de chercher le titre de la chanson. 

On peut donc dire que la stratégie est plus là-dedans que dans mon image. Mon image, c’est moi.

Il y a même des jours où quand je regarde les vidéos, je me dis qu’on pourrait croire que j’ai les cheveux gras, alors que je sors de la piscine et qu’ils sont juste mouillés.

Un autre truc, c’est que je ne suis pas très bonne en montage. Il m’a fallu du temps pour comprendre que je pouvais couper certains morceaux, notamment la petite seconde où tu retires ton doigt après avoir lancé l’enregistrement sur ton téléphone.

Au début, je me disais que ça craignait, maintenant, je sais comment la couper.

Mais tout cela, ce n’est pas très grave. C’est moi, je suis nature.

Une vidéo de Jeanne… au naturel.
Source : TikTok.

De l’Institut Pasteur à TikTok : son parcours atypique

— Laurent : Une des raisons pour lesquelles je voulais t’avoir dans le podcast, c’est parce que tu as un parcours qui est quand même très atypique.

Tu es passée de doctorante à l’Institut Pasteur puis instit, puis Tiktokeuse. Pour faire simple, et résumer ton parcours.

— Jeanne : C’est ça, tu as raison.

— Laurent : Comment on passe de chercheuse à l’Institut Pasteur à Tiktokeuse ?

— Jeanne : J’ai plusieurs types de réponses.

D’abord, dans la vie, il y a des signes et que ces signes, il faut savoir les accepter au bon moment. Il y a aussi de nombreuses d’opportunités et de chances qu’il faut savoir saisir.

En outre, je ne suis pas du genre à râler quand une situation ne me plaît pas. Je ne suis pas quelqu’un de négatif, et j’espère que ça se voit (rires).

Je ne suis pas du genre à ressasser les choses quand ça ne va pas. Je suis plus du genre à trouver des solutions pour que ça aille.

En fait, mes changements de carrière, sont dus à des problèmes et que c’était ma façon de trouver des solutions à ces problèmes.

Alors, le terrain fertile – et ça, c’est un scoop que je n’ai pas dit dans les autres podcasts – c’est que mon père était médecin et qu’on a beaucoup voyagé, notamment en Afrique et à Madagascar.

Je l’ai vu être médecin, conférencier, faire de la radio pour son plaisir de communiquer et de faire de l’éducation à la santé.

Je l’ai aussi vu créer une bande dessinée pour faire de l’éducation au sida. Au début des années 90, c’était bouillantissime comme sujet. Je l’ai vu avoir des convictions qu’on qualifierait de politiques, et parallèlement faire des concours de jeunes talents ou de dessinateurs.

Il m’a montré que tout est possible, qu’il suffisait d’en avoir envie. C’était quand même un sacré exemple.

Pour moi, finalement, ma première carrière de chercheuse à l’INSERM, correspond à la première phase de ma vie, qui était mon rêve. C’était vraiment mon rêve absolu.

Jeanne, alors étudiante, en compagnie du généticien Axel Kahn.
Source : LinkedIn.

C’est exactement cela que je voulais faire. Je voulais mettre au point des nouveaux médicaments pour des maladies pour lesquelles on n’avait pas de solution. Je suis tombée vraiment dans ce que je voulais faire et c’était top. C’était extraordinaire. J’étais u bon endroit au bon moment. C’était parfait.

Mais quand j’ai eu ma fille, ce n’était plus possible. Avec la nounou qui veut les vacances scolaires alors que toi, tu prends des vacances quand tu as fini de publier un article. Il me fallait aussi rentrer tôt le soir. Si tu ajoutes à cela les problèmes de financement de mes recherches, plutôt que d’avoir ma petite flamme de passion qui s’étiole, et de faire les choses mal, je me suis dit qu’il était temps de changer.

J’ai fait des enfants pour être avec eux, être à leur rythme et avoir du temps pour eux. Donc, j’ai changé de métier. Là, tu te poses des questions : qu’est-ce que je sais faire ? Qu’est-ce que j’aime faire ?

J’aimais bien transmettre, parce que j’ai toujours donné des cours, même quand j’étais chercheuse. Je faisais de la vulgarisation scientifique, je formais des équipes. J’ai toujours été dans la transmission et c’est assez naturellement que je suis passée par l’Éducation Nationale.

J’ai vite eu mes limites avec l’Éducation Nationale. Le système fait que je n’avais pas mon poste à l’année dans la même école. Je n’étais un pion que l’on envoyait à droite, à gauche, en haut, en bas. Merci les remplacements !

Les conditions devenaient dingues. Je n’avais même plus le temps d’amener mes enfants à la garderie. Je devais les laisser devant la porte fermée en leur disant de se débrouiller seul pour aller à la garderie pendant que je repartais en vélo pour aller rejoindre mon poste.

Là, tu te dis que c’est n’importe quoi. Tu rajoutes une petite pique innocente de ta fille qui dit : « Maman, tu fais toujours ça avec tes élèves, mais jamais avec nous. »

Ça devenait urgent de changer deux/trois trucs. C’est comme ça que je me suis mis à mon compte.

— Laurent : C’était il y a combien de temps ?

— Jeanne : Je me suis mis à mon compte, il y a 8 ans.

Je suis passée par une phase de disponibilité, pour voir si j’avais les compétences pour aider des élèves en maths (à l’époque, j’ai choisi les maths et pas l’anglais) mais aussi pour voir s’il y avait un business, s’il y avait des élèves qui sont en difficultés dans l’Éducation Nationale.

— Laurent : Spoiler : oui ! (Rires).

— Jeanne : Il ne m’a pas fallu très longtemps pour en trouver.

— Laurent : Surtout en maths !

— Jeanne : Surtout en maths, en effet.

Est-ce que j’aime faire ça ? J’adore faire ça. Est-ce que je sais faire passer un message de façon concise : oui.

J’ai regardé pendant 2 ans. L’étude de marché a été vite faite et pendant ces deux ans de sécurité, j’avais déjà commencé à avoir un super pool d’élèves. Après, c’est parti tout seul, du feu de Dieu. Je me suis lancée comme ça et au final ce sont les occasions qui m’ont amenée vers l’anglais.

L’anglais a toujours été dans mon dans ma vie. Si tu veux, j’ai appris l’anglais avec le top 50, avec les paroles de chansons. J’ai reproduit, sans comprendre, ce que je disais, mais avec une très bonne oreille. Plus tard, j’ai mis le sens.

Pendant longtemps, ça n’a été que de la musique. Après, ça s’est transformé en langage. C’est aussi cela qui m’intéresse dans mon approche, c’est qu’elle est très fidèle à la façon dont j’ai appris l’anglais : avec l’oreille et par l’oreille.

Ce qui l’a poussée à être active sur les réseaux sociaux

— Laurent : Quand on regarde ton historique sur les réseaux sociaux, tu es depuis un an sur LinkedIn, sur TikTok c’est plus récent.

Pendant toutes ces années, tu n’étais pas active sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce qui t’a poussé, en 2022, à te lancer sur les réseaux sociaux ?

— Jeanne : Jusque-là, je n’avais aucun besoin d’aller sur les réseaux sociaux.

J’avais un tel bouche-à-oreille qui marchait tellement bien que j’étais déjà blindée dans mon emploi du temps.

Je ne vois même pas comment j’aurais calé des nouvelles choses. Je pensais (et j’en reste persuadée) que tu vas sur les réseaux sociaux pour faire du business.

Tu y vas pour chercher des nouveaux clients. Il faut être réaliste là-dessus. Je n’avais pas ce besoin-là.

Et puis, au départ, j’enseignais les maths. J’ai évolué vers l’anglais parce que j’avais des facilités en anglais et ce sont les élèves qui sont venus me chercher en me demandant de les aider en anglais. J’ai donc commencé à les débloquer.

Puis, ce sont les parents d’élèves que j’avais en maths qui se sont montrés intéressés par les cours d’anglais. Puis, les parents ont voulu utiliser leurs fonds CPF.

Il a donc fallu que je regarde quelle certification il me fallait. Juste avant QUALIOPI, je me suis inscrite et pendant un an, j’ai vu un peu ce que ça valait et je me suis rendu compte que c’était un nouveau marché qui était très intéressant. Puis, j’ai passé la certification QUALIOPI.

Quand j’ai commencé les réseaux sociaux, c’est parce que j’anticipais le fait que peut-être à la rentrée, j’allais changer un peu de mode de vie. Je t’avoue que là bosser 50 heures par semaine, c’est top, mais c’est fatigant quand même.

Comme ils viennent chez moi ou que j’ai des créneaux en distanciel, les élèves s’enchaînent. Ma journée est non-stop. Je commençais à trouver ça riche, mais dense.

C’était génial, mais je n’avais plus de temps. J’avais adoré, en lançant mon auto-entreprise, avoir du temps pour moi. Là, tout à coup, j’avais perdu ce temps pour moi.

Il m’a fallu repenser la stratégie, en axant plus sur les cours d’anglais et pas sur les cours de maths. Parce que les personnes qui ont un budget pour l’anglais sont différentes des personnes qui ont un budget pour les maths.

Du coup, je me suis dit que j’allais faire une transition en septembre 2022. Mais pour faire une transition réussie en septembre, il faut anticiper un peu. C’est donc pour cela que j’ai commencé à publier sur les réseaux, sur l’anglais, en tout cas.

Le premier jour, j’ai publié sur LinkedIn un post à propos d’un enchaînement d’idées qui m’est arrivé comme ça, et j’ai commencé à publier sur les expressions idiomatiques.

Et, comme en parallèle, j’aidais des élèves à préparer le TOEIC, je savais qu’il y avait un besoin. Je me suis dit que j’allais faire des petits QCM pour les élèves qui préparent le TOEIC sur TikTok et sur Insta.

La complexité de gérer un format différent par plateforme

— Jeanne : J’avais donc lancé un contenu sur LinkedIn, un contenu différent sur TikTok et un contenu différent sur Insta qui marchait plus ou moins, c’était un peu bizarre.

Je n’étais pas trop dans les vanity metrics, donc je ne regardais pas trop mes stats mais en gros, ça marchait tout doucement. Je me suis plutôt concentrée sur LinkedIn, finalement, parce que j’y avais beaucoup plus de retours, ça marchait mieux. 

J’avais même laissé tomber TikTok, jusqu’à ce que l’on me fasse remarquer que le format vidéo m’irait beaucoup mieux.

J’ai donc décidé de reprendre les idiomes que j’avais faits en format carrousel en vidéo, pour voir ce que ça donne. Ça a bien marché, l’été a été porteur.

Et, c’est cet été que j’ai lancé la Méthode French. Pour le coup, la Méthode French, c’était adapté aux vidéos.

J’ai aussi décidé d’uniformiser mes comptes. Parce que créer 3 contenus différents, pour 3 réseaux sociaux différents, c’est hyper chronophage.

En plus, comme les codes ne sont pas les mêmes, je passe beaucoup de temps à m’arracher les cheveux pour comprendre les algos et pourquoi un poste devient explosif sur TikTok et passe complètement inaperçu sur Instagram. C’est incroyable.

Qu’est-ce que la Méthode French ?

— Laurent : C’est un sujet qu’on va aborder juste après.

Juste avant, est-ce que tu peux expliquer en quelques mots ce qu’est la Méthode French ? C’est ton programme de formation, c’est ça ?

— Jeanne : Ouais, c’est ça.

Dans ma tête, je m’étais dit, peut-être que mon 3ᵉ e-learning, ça serait une méthode pour les grands débutants à intermédiaire où tu reprends tout l’anglais, mais, en chanson, avec des parcours 3 étoiles, 4 étoiles selon les chansons.

Exemple de vidéo de la Méthode French.
Source : TikTok.

J’ai même un parcours complètement curieux dans lequel je vais explorer ce que je peux aller piocher, réinvestir à droite à gauche.

Ça, c’est la super théorie.

J’avoue que là, ce projet est un peu mis de côté, car je finalise mon 2ᵉ e-learning qui est un peu différent.

Il s’attarde sur une vraie douleur que sont les verbes irréguliers. Dedans, j’inclus de la Méthode French, ce qui me permet d’enrichir mon actualité en fonction. Mais, on est sur quelque chose de complètement différent.

Je ne parle que des verbes irréguliers et de la douleur de les apprendre.

— Laurent : D’accord.

Donc les petites vidéos que tu publies tous les jours, on les retrouve dans ton accompagnement telle quelle ou tu les modifies ? Où c’est vraiment un autre format ?

— Jeanne : Le projet e-learning Méthode French, il est un peu loin encore.

Ce n’est pas facile de construire un e-learning qui marche bien. Mon premier s’est complètement cassé la gueule. Avec ce 2ᵉ, j’espère me rattraper et avoir un super produit qui marche super bien.

Peut-être qu’après ça, je me dirai la Méthode French peut faire l’objet d’un accompagnement e-learning. À voir.

Pour l’instant, c’est un peu confidentiel finalement ce qui se passe sur les réseaux.

— Laurent : Ce n’est pas plus mal en fait. Cela te permet de tâter le terrain.

Les humains derrière les écrans

— Jeanne : Exactement.

Ce que je vois, en fait, c’est qu’au final, le côté émotion marche super bien. Ça dédramatise beaucoup de choses et les taux d’engagement sur LinkedIn et sur TikTok sont super bien. Vraiment.

Sur TikTok, j’ai un taux d’engagement à 10 % pour chaque publication. Pourtant, je n’ai pas un rythme de dingue. J’ai fait un poste à 27 000 000 de vues… (elle se reprend) enfin 27 0000, pas 27 000 000, de vues. J’en ai un comme ça.

Les autres l’été, c’était plutôt aux alentours de 2 500 vues. Là, je suis redescendue en termes de reach, je ne sais pas trop pourquoi. Est-ce que c’est lié aux hashtags ?

Est-ce que c’est parce que je me suis désabonnée de certaines personnes ? 

— Laurent : Après, ça peut être tout simplement l’effet de la rentrée où les gens sont moins sur les réseaux aussi.

— Jeanne : C’est tout à fait possible.

Mais cela pose une autre question : qui il y a derrière les réseaux ? Sur LinkedIn, tu sais que c’est le monde pro, tu vois un peu ce que les autres font. Sur TikTok, tu ne sais pas qu’il y a derrière.

Je découvre que j’ai des j’ai des petits jeunes, j’ai des ados qui me suivent et puis j’ai des mecs aussi qui me suivent juste pour draguer. Ça arrive, hein, je ne vais pas me leurrer là-dessus. Généralement, la conversation tourne vite court.

Il y a des gens plus difficiles à identifier, puis, il y a un groupe de fidèles qui suit, qui like, qui s’engage. Et, j’ai signé mon premier contrat TikTok la semaine dernière.

Comme quoi, il y a quand même des gens qui ont envie de prendre des cours et se disent : « finalement, je vous trouve sympa, donc j’ai envie de prendre des cours avec vous ».

Après, ils me font remarquer que je suis vraiment comme dans mes vidéos. (Rires.)

C’est ça qui est cool.

— Laurent : On en revient au début, mais tes vidéos sont vraiment très inhabituelles face aux vidéos très léchées. Toi, tu es spontanée. Ce qui ne veut pas dire que c’est mauvais !

— Jeanne : C’est hyper perfectible, c’est sûr.

Mais, si tu veux, je continue à me dire que ce n’est pas ça mon vrai métier. Mon vrai métier, ce n’est pas d’être face caméra et de maîtriser mon image.

Mon métier, c’est de faire de donner des cours d’anglais. Si cette façon de me faire connaître fonctionne, est sympa et m’amène du monde, tant mieux.

Mais, encore une fois, vous avez le droit de me descendre. La lumière n’est pas parfaite, le cadrage n’est pas parfait, même les sous-titres, parfois, je laisse des erreurs. Il m’est arrivé de faire des petites boulettes.

On en revient à la créativité : au final, je suis arrivé à toucher une forme de public alors que je ne maîtrise pas forcément les codes, notamment de TikTok.

Quand je vois certaines publications sur TikTok, je me demande où est la qualité. Je me dis que ça ne me viendrait pas à l’idée de poster ça.

Et, finalement, je ne sais pas trop comment, il y a des gens qui me trouvent et qui me disent qu’ils adorent ce que je fais parce que c’est hyper qualitatif. Ils apprennent plein de trucs et c’est ça qui me donne envie de continuer.

Un même contenu, des résultats différents selon les plateformes

— Laurent : En préparant l’épisode, je suis allé voir un peu tes réseaux.

Comme on l’a dit, tu prends les mêmes contenus que tu mets sur chaque réseau. Mais, il n’y a vraiment que sur TikTok et LinkedIn que tu décolles. Là où sur Instagram et Facebook, j’ai l’impression tu n’as quasiment aucune interaction ou très peu.

Quel est ton regard sur ce point ? Comment tu expliques cela ?

— Jeanne : Effectivement. Ça fait partie des choses qui me torturent un peu les neurones, parce que j’aime bien comprendre comment les choses marchent.

Les mêmes contenus ne font pas du tout les mêmes effets sur TikTok, sur Insta et sur LinkedIn.

Tu vois mon poste à 27 000 vues, sur TikTok comportait des erreurs.

J’ai fait deux fautes de français dedans et j’avais choisi une accroche assez forte puisque je disais : « Il ne faut pas dire Vinted » parce que mon propos était de faire une leçon sur la façon dont on prononce le participe passé.

Je me suis fait défoncer sur TikTok. J’ai reçu des commentaires disant que, si, on peut dire Vinted parce que c’est une marque et qu’on prononce comme on veut.

Après j’ai dit : « je vous envite à aller voir la mini-formation que j’ai fait sur le sujet ».

Double taquet. Je me suis pris des remarques du style : « commence à parler français avant de parler anglais ».

La vidéo en question.
Source TikTok.

C’était la première fois qu’une de mes vidéos partait en viral. L’impression, c’est que je me suis faite défoncer, mais cette vidéo, aujourd’hui, je crois qu’elle est quand même à 500 likes.

Certes, il y a eu des détracteurs, mais elle m’a apporté énormément d’abonnés qui ont été super fidèles par la suite.

C’est ça aussi les réseaux sociaux. Quand tu passes une certaine barrière de like, tu obtiens ce qu’une copine appelle le PDC, « le point des cons ».

Quand tu arrives à une certaine notoriété et que, sur un post, tu franchis les 100 likes, tu attires le côté négatif des gens. On te dit que ce que tu fais, c’est nul, etc.

Je me suis dit qu’avec le post, j’ai fait l’expérience du grand bain.

Rebondir après un bad buzz

— Laurent : Justement, comment tu l’as vécu ce moment-là où tu t’es fait un peu reprendre ?

C’était vraiment du premier degré de la part de personnes qui n’ont peut-être même pas regardé la vidéo et s’étaient arrêtées au titre.

— Jeanne : D’abord, je me suis dit qu’il fallait être irréprochable.

Oui, j’ai fait la faute de français. En fait, j’ai tourné ça en 3 minutes. C’est peut-être la première fois où j’ai fait qu’une seule prise, parce qu’on était invité chez des amis à manger.

Je n’avais pas le temps, mais je voulais absolument faire ma vidéo du jour.

En effet, je m’impose le rythme de publier tous les jours. Je voulais donc le faire absolument et je n’ai pas eu le temps de faire une 2ᵉ prise. J’y suis allé comme ça et derrière, j’avais l’impression de me justifier en disant que c’était une blague.

Effectivement, Vinted ce n’est pas un participe passé. Mais, les internautes l’ont pris au premier degré et il a fallu que je répète 25 fois dans les commentaires que je me suis déjà excusée.

Je me suis excusée une fois, deux fois, trois fois, dix fois, vingt fois. Après, j’en ai eu marre, et j’ai arrêté de m’expliquer à chaque commentaire. Ok, je me suis planté. J’ai fait ça vite fait, désolé. Le propos était ailleurs. Les gens intelligents l’ont vu.

Finalement, tu peux te faire hacher pour une petite faute de français ou la langue qui fourche. C’est pour ça qu’en 3 minutes, en fait, il faut être assez irréprochable.

Mais, bon, je retiens la leçon. J’ai compris ce qu’était l’excitation folle d’avoir un truc qui marche.

Tu sais, il y a des fois où tu te demandes pourquoi tu ne dépasses pas les 500 vues et tu trouves ça nul. D’un coup, tu as un truc qui monte en mayonnaise. Tu es émerveillée, puis tu as directement l’effet négatif si tu te fais descendre parce que tu n’as pas été irréprochable.

Tu testes aussi l’effet clivant. C’est vrai qu’affirmer que dire [Vintède], c’est de la merde (pas la marque, hein, je ne juge pas la marque) c’est clivant. Et, si tu clives, tu déchaînes les avis. Ça m’a rapidement fait réfléchir parce que je crois que c’était mon… 

— Laurent : … c’était assez tôt, il me semble.

— Jeanne : C’était hyper tôt, en effet.

C’était mon 5ᵉ où 6ᵉ post où je mettais de la musique derrière, tu vois.

Finalement, c’est bien quand ça t’arrive assez tôt, en fait. Tu te redemandes pourquoi tu fais ça, pourquoi tu as été maladroite malgré le fait que le fond soit bon, s’il y a une majorité silencieuse qui te suit, etc.

Je me suis dit que j’allais continuer, en gardant ça dans un coin. C’était une drôle d’expérience, mais je ne cherche pas forcément à reproduire le truc. Même si l’effet d’adrénaline est dingue.

C’est ça qui est terrible : tu publies en te disant, qu’il faut que tu sois détachée de ta publication et que tu ne publies pas pour être célèbre, mais tu as quand même envie que ça marche.

Évidemment, tu as envie que ça marche et d’avoir des abonnés. Après, c’est encore une question de curseur. Je te parlais tout à l’heure des cours à poils. Où tu mets le curseur ? J’ai vu qu’il fallait tout de même travailler ses accroches, mais je ne regrette pas, c’était étonnant.

— Laurent : Pour les auditeurs et auditrices qui voudraient aller voir, je mettrai le lien dans la description du podcast pour aller voir.

— Jeanne : Avec plaisir ! (Rires.)

— Laurent : On compte sur vous pour être gentil avec Jeanne ! 😄

— Jeanne : Tu sais, ce qui est rigolo ? Dès le départ, j’avais anticipé que ce poste-là, je le ferai de deux façons différentes. Comme mon approche, c’était la prononciation du « ed », j’avais prévu de le faire avec Vinted sur TikTok et Instagram.

Pour LinkedIn, je l’ai tourné différemment, car mon accroche, c’était : « On ne dit pas [Linkeudin], on dit [Linktin]. »

C’était exactement la même structure et c’était l’introduction de la Méthode French, et sur LinkedIn, ça n’a pas du tout eu le même accueil.

D’ailleurs, je tiens aussi à dire que ce Reel, sur Instagram, a fait à peine 125 vues et 5 likes, un truc comme ça. Comme quoi le même contenu, n’a pas les mêmes résultats selon les plateformes.

Surprises, incertitudes et contraintes des réseaux sociaux

— Laurent : Est-ce que tu as une volonté de recentrer sur TikTok et LinkedIn, uniquement, ou tu continues à exploiter tous ces réseaux ? Même si les résultats sont très inégaux.

— Jeanne : Selon moi, la question à se poser, c’est : combien de temps ça me prend en plus ?

Il y a quelque chose qui arrive, qui est assez étonnant et que je n’attendais pas forcément, même sur TikTok. Je croyais que sur TikTok, les gens étaient assez dans l’instantanéité et que, par exemple, ils likent un poste de manière anodine.

Or, je m’aperçois que les personnes qui s’abonnent à mon compte remontent le fil de toute la Méthode French.

C’est-à-dire qu’ils ne vont pas voir mes trucs d’avant, où l’on ne me voit pas. Mais, ils remontent parfois un mois de publication et commencent à liker les publications au fur et à mesure.

C’est arrivé aussi sur Instagram que, tout à coup, il y a un nouvel abonné qui remonte le fil et qui reprenne tout.

Alors, tu te dis qu’en fait, ça vaut quand même le coup.

Peut-être que ce qui se passe, c’est que je n’ai pas compris l’algo d’Instagram. Je sais qu’il y a des différences d’algorithmes et avec Instagram, je sais ce qu’il faudrait que je fasse pour avoir plus de reach. Mais, tu te dis que ce n’est jamais perdu.

Effectivement, Facebook, pour le coup, j’ai un peu déserté. Quand je publie, c’est juste que j’autorise Instagram à publier sur Facebook.

Tu sais, je passe quand même quasiment 2h par jour sur LinkedIn. Si tu comptes le temps de création de contenu plus mes cours, il ne me reste pas beaucoup de temps.

Peut-être qu’il faudrait que je passe aussi une heure tous les jours sur TikTok et une autre heure sur Instagram.

Auquel cas, finalement, je deviendrai juste « influenceuse », ou je me dirai que mon métier, c’est la production de vidéos pédagogiques. Mais, à ce moment-là, j’arrête d’avoir des élèves derrière.

Et pour l’instant, je ne tire pas d’argent…

— Laurent : … c’est un business complètement différent !

— Jeanne : Exactement. C’est un business complètement différent.

Donc, j’en suis à me demander quels sont les codes. Et en plus, tiens-toi bien, contrainte Instagram, les Reel c’est 90 secondes.

J’ai essayé de faire du contenu en 90 secondes. Il y a une fois, j’ai fait un quick fix en 90 secondes et on m’a dit que c’était super sympa.

Mais, comme dans ma méthodo et dans ma séquence, je veux absolument avoir mon intro musicale (pour te remettre dans le bain), puis développer le côté pédagogique pour l’étayer, le marteler et le répéter plusieurs fois pour que ça rentre, puis faire une conclusion, en 1 minute 30, c’est compliqué.

J’ai compris que mon rythme de croisière, c’était 2 minutes ou 2 minutes 30. J’essaie de ne pas dépasser 3 minutes. Du coup, je ne suis pas bonne pour Insta. Voilà. Est-ce que je continue, Insta ?

— Laurent : Après, ça dépend d’où est ta cible aussi. Si elle n’est pas sur Instagram, pourquoi continuer ? Par contre, si elle sur Instagram, ça peut valoir le coup de mettre plus le paquet.

— Jeanne : J’en suis en plein là-dedans, en fait. Je me demande si ma cible est sur Instagram.

Tu vois, il y a 15 jours, une fille est venue me voir en privé sur Instagram en me disant qu’elle avait vu que je donnais des cours d’Anglais, et en me demandant de la débloquer pour un petit truc.

Son truc, pour moi c’est tellement ras des pâquerettes que je n’allais pas lui facturer. Donc, je lui réponds, je prends 1/4 d’heure pour discuter avec elle en message privé et répondre à une de ces questions.

Derrière, je regarde, la meuf, elle a 150 000 followers.

Tu vois, elle est connue sur Instagram et pourtant, elle m’a trouvée. Alors, qu’est-ce que je fais ? Est-ce que je lui offre 2h de cours gratuit en échange d’astuces pour ma visibilité ?

Finalement, je me suis dit que si elle a envie de prendre des cours, elle prendra des cours et elle me fera de la pub.

 En fait, je ne sais pas (dit-elle sur un ton déconfit).

Peut-être qu’Instagram, ce n’est pas ma cible. Je ne sais pas. Tu vois, il suffit d’une rencontre pour que ça bascule.

Sur Instagram, c’est ça aussi qui est très étonnant : parfois, tes vidéos, il suffit que tu aies deux ou trois personnes qui likent, et ça part en boule de neige. Un mois après, tu peux avoir plein de likes sur un truc que tu as fait il y a un mois et que tu pensais mort et enterré. C’est ça qui me fait me dire que si ça ne me prend pas trop de temps en plus, je continue. On ne sait jamais.

— Laurent : Oui, c’est plus une question de là où tu mets tes efforts, là où tu soignes les choses pour l’algo.

On en revient toujours à ça, malgré tout. Même si on fait les choses pour les internautes, il y a quand même l’algo qui est entre les 2 et qu’il faut prendre en compte.

L’importance de la majorité silencieuse

— Laurent : Ce que je retiens un peu de ce que tu dis, c’est que, pour l’instant, tu expérimentes, tu vois, ce qui fonctionne ou pas. Tu n’as pas forcément d’enjeux où il faut absolument que ça marche là dans les X prochaines semaines. En tout cas, pas pour l’instant.

— Jeanne : Disons que je vais aussi regarder comment fonctionne la majorité silencieuse.

On n’en parle pas forcément, mais il y a ce paramètre à prendre compte.

Tu vois, les premiers clients qui sont venus me voir en message privé sur TikTok, ce sont des personnes qui m’ont dit adorer mes vidéos et les regarder tous les jours.

Ça m’a surprise, car ils ne m’avaient jamais liké et n’était même pas dans mon cercle. Je ne comprends même pas pourquoi ils voient mes vidéos tous les jours.

Je sais que sur LinkedIn, tu peux suivre quelqu’un, tu n’es pas obligé de te connecter avec la personne. Ce sont donc probablement des gens qui me suivent, mais qui ne m’ont jamais fait de « compliment ». Ils n’ont même pas lâché un like.

Et, malgré cela, ils vont me suivre tous les jours penser à moi quand ils ont un projet. C’est incroyable.

Parfois, tu te dis que tu ne sais pas combien de personnes ont regardé la vidéo, mais il suffit qu’il y en ait 3 ou 4 qui, ensuite, ont envie de prendre des cours et c’est bon.

Ce côté majorité silencieuse qui ne t’encourage pas, mais qui pense à toi, c’est hyper dur.

Son regard sur les statistiques

— Laurent :  Ça fait une bonne transition pour la question qui vient.

Par rapport aux stats, on parlait tout à l’heure des vanity metrics (le nombre de likes, le nombre de vues…) ; ce genre de stats qui veulent tout et ne rien dire et qui sont plutôt là pour flatter l’ego…

— Jeanne : … et créer ta dopamine !

— Laurent : C’est ça. Ces données ne donnent pas un réel indice de qualité de ton contenu.

Quel est ton rapport avec les stats ?

— Jeanne : J’avoue que je les regarde un petit peu, mais pas énormément.

Par exemple, j’ai fait un petit point sur TikTok, j’ai vu que mon taux d’engagement était de 10%. Je me dis que c’est super bien. Donc, je continue.

Sur LinkedIn, je vois que je tourne autour de 60 likes et une centaine d’interactions (likes + commentaires) par jour, même sur les publications du week-end. Je me dis aussi que c’est bien.

J’essaie de ne pas trop me comparer parce que ça fait mal de se comparer à des gens qui sont là depuis plus longtemps ou qui ont plus d’abonnés que moi.

Concernant mes abonnés, j’ai un peu surveillé, je crois que là, je passe un petit cap. Bientôt, je serai à 2 000 abonnés.

C’est par rapport à ça que j’essaie de relativiser. Là, je crois que j’ai 1700 abonnés…

— Laurent : … actuellement, sur LinkedIn, tu as exactement 1 781 abonnés.

— Jeanne : C’est gentil d’être allé voir ça.

On va dire que sur 1 800 abonnés, cent personnes qui réagissent, c’est pas mal.

Certaines personnes ont plus de likes ou d’interactions, mais elles ont 17 000 abonnés.

Je suis encore très artisanale.

Pendant un temps, je n’allais même pas démarcher les gens pour être dans mon cercle. Je n’allais pas me dire qu’un tel avait aimé, alors j’allais l’inviter.

Tu vois en termes de stratégie, je suis nulle à chier. Je suis vraiment un bébé Cadum. Je fais comme ça, un peu au fil de l’eau.

Maintenant, les personnes qui me mettent un commentaire sympa, je les invite et je discute un peu en message privé. Mais, c’est assez récent.

Tu vois, il suffit de signer un client et tu te dis tout ça vaut le coup. Mais si tu fais un bilan à 6 mois et que tu n’as signé personne, tu te dis : « écoute Jeanne, c’est de la merde ».

J’en reviens à ce que je te disais tout à l’heure : est-ce que j’avais besoin de LinkedIn, au départ, pour trouver des nouveaux clients ? Non, je n’en avais pas besoin. Et, heureusement, que j’ai d’autres canaux d’acquisition.

Ce que j’espère, c’est que ça va être un canal d’acquisition pour les petits e-learnings. Ça serait top ça. La force, ça serait que toute cette visibilité me permette de dire : « Tu as un super petit produit à 100€ qui va révolutionner le monde ».

Ça, c’est dans mes rêves les plus fous.

— Laurent : Il y en a qui y arrivent. Après, effectivement, ça demande du temps.

Cela nécessite également d’avoir une vraie stratégie derrière. Mais, il y en a qui y arrivent. Ça se fait.

— Jeanne : Bah, écoute, je vais essayer de déjà retenir mes erreurs du premier pour ne pas les refaire et essayer de voir si ça marche.

Son organisation quotidienne

— Laurent : On arrive tout doucement vers la fin de cet épisode. Avant de passer aux questions de la fin, j’ai encore 2 petites questions par rapport à ton expérience de créatrice de contenu.

Combien de temps, tu passes, à peu près, pour réaliser ta vidéo ?

— Jeanne : Je vais être très concrète, le temps de tournage de mes vidéos, franchement, c’est 10 minutes maximum.

C’est 10 minutes parce que j’ai déjà choisi mes spots de tournage, je sais où aller pour avoir à peu près de la bonne lumière. (Bien que, en ce moment, je me dis : « merde, avant, j’avais tout le temps du ciel bleu. Maintenant, derrière moi, j’ai tout le temps du ciel gris… Au secours ! »).

Mais tu sais, c’est très artisanal hein. Je pose mon téléphone portable sur mon ordinateur. Il faut donc que j’ai un muret assez haut, et que je n’ai pas trop de bruit autour de moi (Ce qui est facile étant à la campagne. Il suffit juste que je dise à mon homme de ne pas travailler dans l’atelier pendant que je tourne).

Cet été, c’était plus chaud, car il y avait du monde à la maison. Je devais chercher un endroit pas trop près de la piscine, m’assurer que les enfants ne faisaient pas de bruit… Bon, ça, c’est résolu.

— Laurent : Ça, c’est pour le tournage, mais j’imagine qu’il y a le temps de préparation ?

— Jeanne : La préparation, c’est hyper variable.

Entre l’idée de prendre tel élément pour faire ma structure et découper l’audio, ça me prend 3 minutes. Ensuite, je le mets dans mon PowerPoint pour le lancer au moment où j’ai envie de le lancer, ce qui ne prend pas beaucoup de temps.

Finalement, ce qui va prendre du temps, c’est le découpage, le sous-titrage, mettre les incrustations, etc.

Et, bizarrement, c’est peut-être parce que je suis à la campagne, mais poster une vidéo, ne me prends pas le même temps que quand je suis à Paris. C’est horrible.

Poster ma vidéo LinkedIn, parfois, ça me prend 1/4 d’heure ! Tu imagines ! Poster la vidéo sur Instagram et TikTok, c’est pareil, ça peut mettre 1/4 d’heure.

C’est l’enfer d’attendre au milieu du chemin, le bras levé pour qu’il y ait plus de trois barres de 4G.

Du coup, entre le temps de publication, le temps de conception/sous-titrage (même si le temps de conception est un peu flou, car il y a certains posts que je rumine dans ma tête), on va dire que ça peut prendre une heure par jour.

— Laurent : Plus le temps entre le service après-vente où tu réponds aux questions.

— Jeanne : C’est ça.

— Laurent : Et ce temps-là est variable.

— Jeanne : En fait sur LinkedIn, ça fait partie de ma routine du matin.

C’est-à-dire que je poste et je pars en balade avec le chien. Pendant cette balade, je suis mon post, car j’ai compris que ça marchait comme ça sur LinkedIn.

Je suis mon post pendant à peu près une heure, une heure et demie. Comme je suis en pleine nature, parfois, j’ai des trous de réseau. Je suis là : « Merde…

— Laurent : … ma dose de dopamine ! » (Rires.)

— Jeanne : C’est ça. Cela me permet aussi de prendre des nouvelles du monde de LinkedIn.

Sur le chemin, je regarde aussi ma boite de réception TikTok du jour. Je réponds également aux commentaires TikTok (parce que j’ai un peu de commentaires TikTok) et puis je regarde Instagram et je me dis tiens, encore 3 interactions sur Insta.

En tout, les réseaux sociaux me prennent bien 2h par jour. J’ai donc décidé, pour que ce soit plus fluide, d’arrêter de « travailler » le matin.

Ma matinée est consacrée à poster, suivre mon post, créer le post du lendemain parce que je n’ai pas une ligne éditoriale de ouf.

— Laurent : Juste pour rebondir sur ce que tu dis, prendre ta matinée pour faire ça, c’est aussi du travail. Tu dis que tu arrêtes de travailler, mais non, en réalité, c’est du travail.

— Jeanne : C’est exactement ça.

Et au départ, aux mois de mars, avril, mai, juin, imagine que je le faisais en plus de mes 50 heures de cours.

Tu vois pourquoi j’ai un peu surchauffé et que j’ai cherché à alléger mon emploi du temps.

Mais, finalement, tu as raison, j’arrive à me dire que c’est du travail. Et pour que ce soit du travail et perçu comme tel, ça veut dire que dans mes balades, je suis activement en recherche d’idées.

 (En chuchotant) Ça fait partie de mon travail, mais il y a des gens autour de moi qui ne le savent pas. Ils croient que je m’amuse. (Rires.)

Team planification ou team spontanée ?

— Laurent : Tu parlais de ta ligne édito. Tu es plutôt de la team très organisée qui sait ce qu’elle va faire dans la semaine, ou tu es plutôt team spontanée.

— Jeanne : Alors…

C’est terrible parce que j’aimerais avoir plus de temps pour tourner six vidéos d’un bloc. Mais, je fonctionne par association d’idées.

Quand je pense à une expression, tout de suite, j’ai une expression qui me vient, puis une autre, puis encore une autre, etc. Et je sais très bien que je ne peux pas faire une semaine d’expression. Ça serait chiant à mourir.

Il faut que je fasse une expression, puis un point vocabulaire, puis un point sur une faute, etc.

Et puis, des fois, j’entends à la radio une chanson ou je m’accorde du temps pour écouter de la musique pour le plaisir et ça m’assaille comme ça. Je me dis « putain, il faut que j’en fasse quelque chose ».

Récemment, ce sont des commentaires qui m’ont inspirée. C’est très sympa, parce que ça montre aussi un côté spontané qui plaît. On en revient toujours à ça. C’est utilisé sur le vif et c’est sympa.

Donc, il faut que j’arrive à m’organiser pour un peu plus tourner à la chaîne. Pour moi, ça veut dire faire 4-5 épisodes, pas plus.

On n’est pas à l’abri d’un rebondissement ou d’une envie de changer sa façon de présenter les choses.

— Laurent : Ça veut dire que même le dimanche, tu passes 2h par jour sur tes réseaux ?

— Jeanne : Au début, je m’étais dit « pas le samedi ni le dimanche ». Puis, je me suis rendu compte qu’il y avait d’autres personnes le samedi et le dimanche.

Est-ce que mes posts ont moins de likes le samedi ou le dimanche ? Pas forcément. Je ne vais pas dire qu’ils en ont plus, non plus. Ils n’en ont ni moins, ni plus. Ils sont pareils. Je reste à cette ligne merveilleuse de cent.

Parfois, tu sais, je me dis que c’est nul ce que je dis. Je me dis que mon travail ne résout pas un problème hyper épineux.

Et, en fait, il y a des gens qui trouvent ça top et qu’ils n’avaient jamais compris telle ou telle chose. Je me dis alors que ce n’est pas moi qui suis le bon juge de mon travail. Moi, ça me paraît évident et en fait ça ne l’est pas.

Ses projets

— Laurent : Dernière question, pour conclure, après, on passera aux 3 questions de la fin.

En ce moment, tu exploites beaucoup le format vidéo. Est-ce que dans un futur plus ou moins proche, tu envisages d’exploiter d’autres types de formats plutôt écrits, comme le blog ou la newsletter ou encore le podcast ?

— Jeanne : Alors d’autres projets… Ce que j’aimerais bien, c’est contacter une radio comme Nostalgie, Chérie FM et leur demander une petite pastille. Ça, j’adorerais.

Je pense que ça, à la limite, c’est un truc qui serait plus dans la cohérence avec ce que je fais. Ça pourrait m’apporter de la visibilité aussi. Ça me plairait bien. Mais, je n’ai aucun point d’entrée dans le monde de la radio…

— Laurent : Si quelqu’un nous écoute et travaille à Chérie FM, Nostalgie ou ailleurs…

— Jeanne : Je me suis dit que si j’envoyais des pastilles, les personnes peuvent très bien dire, que ça ne les intéresse pas du tout, puis le faire eux-mêmes.

Là, tu te dis que tu t’es cramée comme une conne. C’est la question de comment tu « protèges » tes idées.

Voilà, je ne sais pas trop. J’ai pensé à cette petite évolution, il n’y a pas longtemps. Je me dis que ça peut être sympa. Et, ça me paraît moins insurmontable que la newsletter !

— Laurent : C’est typiquement le genre de petites pastilles que je verrais bien dans une matinale, par exemple.

— Jeanne : C’est ça.

— Laurent : Un truc qui dure juste 2 minutes.

— Jeanne : Voilà. Le tube du jour, et après, tu le décortiques, tu fais ton truc et derrière la radio passe vraiment le morceau pour réinvestir le truc. Ça serait topissime.

Dans les projets qui m’enflamment, la newsletter, je me dis que c’est un peu obligatoire, mais la minute radio, ça me plaît.

— Laurent : C’est toujours compliqué de trouver le juste milieu entre ce que tu dois faire pour développer ton business et là où tu t’éclates le plus.

— Jeanne : C’est ça.

Après, il y a aussi autre chose : est-ce que j’ai une voix qui passe à la radio où est-ce qu’il faut que j’arrive à maîtriser ma voix ?

Je ne sais pas trop, mais c’est vrai que parmi les petites choses un peu folles auxquelles j’ai pensé, c’était un truc qui me tient à cœur.

Mais j’ai zéro piste. Je te confie juste l’idée comme ça.

— Laurent : Je ne trouve pas que ce soit si farfelu. Ça peut se faire.

Les 3 questions de la fin

— Laurent : Pour conclure cet échange parce que là ça fait…

— Jeanne : … longtemps qu’on papote ! Tu couperas ! (Rires)

— Laurent : Non, mais, ton expérience est intéressante et enrichissante, je trouve. Mais toutes les bonnes choses, malheureusement, ont une fin.

— Jeanne : Eh bah oui.

— Laurent : Trois petites questions pour conclure.

Son conseil pour débuter

— Laurent : Quel conseil tu pourrais donner à quelqu’un, formateur ou pas, peu importe, qui voudrait se lancer dans la création de contenu sur les réseaux sociaux ?

Qu’est-ce que tu pourrais donner comme conseil, à part lance-toi, qui est un peu trop commun.

— Jeanne : C’est vrai. Je dirais « soit toi-même ».

Sois tel que tu es, ne t’invente pas un personnage. Ça plaira à des gens.

On trouvera peut-être dans ta thématique d’autres personnes, mais il n’y a que toi qui est toi. Finalement, c’est ton atout à toi. Donc soit le vraiment. Incarne-le vraiment, pour que tu t’éclates et pour que ça marche.

— Laurent : Je ne peux qu’être d’accord avec ce que tu dis, même si parfois, c’est difficile.

On a quand même une injonction liée à la présence sur les réseaux qui fait qu’on n’est jamais tout à fait soi-même. Enfin, c’est difficile de vraiment de rester soi-même sur les réseaux. Mais sur le fond je suis d’accord.

Très bon conseil, effectivement.

— Jeanne : Merci ! 😄.

Finalement, c’est ce qui marche pour moi.

— Laurent : C’est ça.

— Jeanne : On l’a développé dans cette conversation. Finalement, je me dis que, peut-être, c’est le meilleur des conseils : soit toi-même.

Sa recommandation créative

— Laurent : Un des objectifs du podcast, c’est de promouvoir la diversité des créateurs et créatrices de manière générale et de promouvoir la diversité de la créativité.

Est-ce qu’il y a un créateur ou une créatrice de n’importe quel secteur que tu voudrais mettre en avant, parce que tu trouves qu’il ou elle n’est pas suffisamment connu·e ?

— Jeanne : Peut-être que j’arrive un peu tard pour ça, mais j’ai eu un gros gros gros coup de cœur pour un jeune humoriste.

Il y a 2 ans quand je l’ai rencontré, il commençait à peine. C’est Paul Mirabel.

Maintenant, il est un peu plus connu. Il a eu une chronique, il est passé à un autre cap, a fait le Montreux Comedy Festival, etc.

Sketch de Paul Mirabel aux Montreux Comedy Festival

Ce mec-là, pour moi, c’est un OVNI et c’est ça que j’adore en fait. Il m’a aussi montré que l’on pouvait totalement être soi-même parce que son humour et son image sont tellement décalées.

Tu te demandes qui est ce mec. Je suis tellement tordue de rire à ces non-réactions ou à ses réactions. Ça fait partie des jeunes générations montantes que j’admire.

Son mot préféré de langue anglaise

— Laurent : Pour conclure, quel est ton mot de la langue anglaise préféré ou celui qui te fait le plus rire ? Et pourquoi surtout ?

— Jeanne : Celui que j’aime bien, qui, pour moi, a une histoire, c’est le mot « amazing ».

Aux États-Unis, tout est « amazing », « fantastic ». Ta salade, elle est « amazing », ton sweat, il est « amazing », le paysage, il est « amazing » …

Ce que j’aime et que je n’aime pas là-dedans : j’aime le côté ultra-positif des Américains qui est, je trouve, hyper encourageant, en termes de formation.

Quoi que tu fasses, on salue le moindre effort avec des « amazing », « you’re great », « everybody, clap your hands ». Tu sens les cheerleaders qui sont derrière toi à chaque instant.

Et, par ailleurs, ça a un peu ses limites parce qu’à trop dire que c’est « amazing », je me dis qu’il faut quand même avoir un côté objectif.

Il faut positionner le curseur entre la bienveillance pour ne pas freiner les élans des gens et leur raconter tout et n’importe quoi. Après, ils croient vraiment qu’ils sont au top du top, alors que c’est hyper perfectible. Il faut réussir à trouver le juste milieu.

Mais je trouve que, culturellement, ce « amazing » il m’a questionné en termes de pédagogie et en termes de plein de choses. C’est un choc culturel qui est intéressant.

Conclusion

— Laurent : Je te propose de conclure sur ces paroles cet épisode qui, j’espère, sera « amazing ». Merci beaucoup pour ton temps, pour ta disponibilité, pour ton sourire aussi.

Merci à toi pour ton intérêt.

Où est-ce que les auditeurs et auditrices peuvent te retrouver ? Plutôt sur TikTok ? Plutôt sur LinkedIn ?  Instagram, pour booster un petit peu. 😄

— Jeanne : Ouais c’est ça. 😆

Inscrivez-vous partout ! (Rires.)

Tu sais, souvent, j’ai des parents qui sont sur LinkedIn et qui font que leurs enfants me suivent sur TikTok ou sur Instagram. Comme quoi les publics sont différents. Je vais essayer de ne rien lâcher.

Ce que j’aimerais juste dire, c’est que ça n’engage pas beaucoup de mettre un petit cœur et pour tous les créateurs et les créatrices de contenu, c’est quand même une forme de reconnaissance.

Ce n’est pas le nombre de vues, c’est plus le nombre de likes qui aident. C’est hyper sympa de dire à une personne dans la rue qu’on aime beaucoup ce qu’il ou elle fait.

C’est une autre forme de reconnaissance qu’on attend pas du tout. Voilà, c’est important de soutenir les créateurs et créatrices, parce que ça prend énormément de temps.

— Laurent : Effectivement. Du coup, pareil pour ce podcast, n’hésitez pas à mettre des petits cœurs, des super notes et des commentaires.

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