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Covid-19 : comment repérer les arnaques sur Internet ?

En période de crise, certaines personnes jouent sur nos peurs pour se faire de l’argent.

La crise sanitaire actuelle ne fait pas exception à la règle : attestations de déplacement gratuite vendue 100 €, faux sites marchands, publicités frauduleuses, services de désinfection des maisons contre le coronavirus… La liste des arnaques est longue.

Cet article n’a pas pour objectif de recenser ces arnaques, mais de vous donner des clefs pour les identifier et éviter de vous faire avoir.

Sommaire

Les faux sites e-commerce

Comment reconnaître un faux site marchand ?

Les faux sites marchands sont très lucratifs, c’est pour cela qu’ils sont très prisés des arnaqueurs. Il est en effet très simple et rapide, quand on en a les compétences, de créer un site e-commerce.

Certains vont même jusqu’à créer des sites identiques sous des noms différents pour augmenter leurs chances de plumer les internautes.

Voici un exemple :

Vous voyez la différence entre ces 3 sites ?

Ces trois sites sont identiques d’un point de vue graphique (seul le nom et le logo changent) et proposent presque les mêmes produits : « My Natural Shop » pour le premier, « Ma petite pharmacie » pour celui du milieu et enfin « Combattre le coronavirus ».

C’est normal, ils ont tous été créés par la même personne.

À première vue, si on omet le côté amateur du logo, rien ne laisse supposer que ces sites sont des arnaques.

On y retrouve certains éléments présents sur la plupart des sites marchands, comme la liste des moyens de paiement acceptés, censés rassurer l’internaute (emploi du mot « certifié anti COVID-19 ») et même des mentions légales et des conditions d’utilisations exhaustives.

Les prix semblent également corrects et l’usage de termes scientifiques (comme « prophylaxie ») viennent renforcer le sentiment de confiance que l’internaute peut avoir.

À première vue, ces sites ont tout pour donner confiance. Difficile donc de déceler l’arnaque.

Pourtant, quand on y regarde de plus près, quelques éléments peuvent nous alerter :

  • Le logo, qui fait très amateur et ne renvoie pas une image sérieuse ;
  • Les fautes d’orthographe (« Il est urgent de vous équipez ») ;
  • Les problèmes de chargement d’image :
Ce symbole indique une image manquante
  • Des promesses sans preuves scientifiques (« Masques de protection certifiés anti-COVID19 » sans préciser par qui, ni sur quels critères) ;
  • Une adresse de renvoi des produits située en Chine ;
  • Un siège social situé à Paris, mais un numéro de téléphone commençant par 04 (04.65.66.81.43, numéro localisé à Marseille). À ce propos, une recherche sur ce numéro renvoie très vite vers des sites listant des arnaques ;
  • Des conditions d’utilisation non adaptées aux types de produits vendus car faisant référence à des coques de téléphone ou des équipements électronique (certes, je vous l’accorde, personne ne lit les conditions d’utilisation ^^) :
Extrait des conditions d'utilisation qui font référence à des produits qui ne sont pas vendus sur le site comme des coques de téléphone.
Extrait des conditions d’utilisation du site « Ma petite pharmacie »
  • L’absence de numéro de SIRET ou de numéro d’inscription au registre des commerces dans les mentions légales, éléments pourtant obligatoires (source : service-public.fr) ;
  • Une entreprise qui ne semble pas exister : en effet, le site Infogreffe ne renvoie aucun résultat, que ce soit en cherchant le nom du dirigeant ou le nom de l’entreprise ;
  • Pour les internautes plus avertis, une recherche sur le Whois permet de voir que les noms de domaines ont été achetés entre le 29 février et le 04 mars 2020. C’est donc un signe que le site n’a été créé que pour voguer sur la vague de la crise sanitaire.

Il y a probablement d’autres éléments, mais pour l’exercice, nous allons nous arrêter ici. La liste est déjà suffisamment longue !

À noter toutefois que pris individuellement, ces éléments n’indiquent pas nécessairement un site frauduleux. Cela peut simplement désigner un site de piètre qualité. C’est leur accumulation qui devrait vous mettre la puce à l’oreille.

Attention toutefois à ce que l’on appelle des faux positifs : ce sont des sites qui ressemblent à des sites frauduleux, mais qui sont tout à fait légitimes.

C’est notamment le cas du site https://maladiecoronavirus.fr.

Lorsque j’ai découvert ce site, ma première réaction a été de me dire qu’il s’agissait d’une nouvelle arnaque pour collecter des données personnelles, malgré les renvois vers des sites gouvernementaux et la soi-disant caution du Ministère de la Santé.

Ce qui m’a fait avoir cette réaction ? Tout simplement le design du site, ou plutôt l’absence de design et la structure du contenu qui manque de pédagogie. Or, dans une période comme celle que nous vivons, il est important de faire preuve de pédagogie et de réassurance.

Il s’avère toutefois que ce site semble être tout à fait légitime, comme en attestent les différents articles de presse le citant. La simplicité du design est tout simplement due au fait qu’il s’agit d’un projet solidaire d’urgence. Il est donc fort probable que le site va évoluer et s’améliorer avec le temps, l’objectif premier étant de sortir une version fonctionnelle le plus vite possible.

Mes conseils

Même avec un œil averti, il peut être parfois très difficile de repérer un site frauduleux.

De manière générale, n’achetez que sur des sites connus et reconnus ou sur lesquels vous avez déjà eu une expérience d’achat réussie.
L’immense majorité des sites e-commerce sont sérieux et dignes de confiance !

Si cela n’est pas possible, voici quelques conseils pour repérer un faux site marchand :

  1. Vérifiez la présence de mentions légales et de conditions générales de vente. Ces pages sont généralement accessibles depuis le pied de page du site. Dans les mentions légales, vérifiez la présence :
    • De la dénomination ou de la raison sociale de l’entreprise éditrice du site ;
    • De l’adresse du siège social (et surtout, si le siège social est en France !) ;
    • Du numéro de téléphone et d’une adresse de courrier électronique ;
    • De l’indication de la forme juridique de la société (SA, SARL, SNC, SAS, etc.) ;
    • Du montant du capital social ;
    • Du nom d’un·e directeur·ice ou codirecteur·ice de la publication et celui du ou de la responsable de la rédaction s’il en existe ;
    • Du nom, de la dénomination ou raison sociale et adresse et numéro de téléphone de l’hébergeur du site ;
    • Du numéro d’inscription au registre du commerce, ou à minima du numéro de SIRET.
  2. S’il s’agit d’une pharmacie en ligne, vérifiez qu’elle est bien recensée par l’Ordre National des Pharmacies.
  3. En fonction des éléments fournis dans les mentions légales, n’hésitez pas à vérifier leur véracité sur des sites comme Infogreffe ou Societe.com.
    Ces sites vous permettent d’accéder à un grand nombre d’informations sur une entreprise. Saisissez le nom du dirigeant (ou de la dirigeante) et/ou le nom de l’entreprise dans le moteur de recherche et analysez les résultats. Si ces sites ne vous renvoient aucun résultat, fuyez ! Cela signifie que l’entreprise n’existe pas. S’ils indiquent que l’entreprise est en redressement judiciaire, c’est également mauvais signe.
  4. Dans un moteur de recherche comme Google, Ecosia ou Bing, faites une recherche avec l’URL du site et analysez les résultats.
    Dans le cas du site Ma petite pharmacie, très rapidement, les résultats font apparaître des sites de signalement d’arnaques.
    Comme le montre la capture d’écran ci-dessous, le 3ᵉ résultat renvoie vers le site signal-arnaques.com ;
    Capture d’écran prise le 20 mars 2020
  5. Analysez le nom de domaine sur le répertoire Whois. Il s’agit d’un service proposé par les gestionnaires de noms de domaine qui permet de savoir qui se cache derrière un nom de domaine. Si la plupart du temps certaines informations sont cachées, cela permet de vérifier à la fois la personne ou la structure qui a acheté le nom de domaine, mais surtout la date à laquelle il a été acheté. Si ces éléments ne constituent pas en soi une preuve que le site est frauduleux, cela peut être un indice supplémentaire.
  6. Vérifiez les avis des internautes et si le site est identifié comme étant une arnaque. Pour cela, il existe des sites comme https://www.signal-arnaques.com, par exemple.
    Pour les avis des internautes, le site https://fr.trustpilot.com peut être une ressource intéressante. Attention toutefois à avoir du recul sur les avis et de distinguer ceux qui relèvent de la mauvaise foi de ceux qui sont sincères.

En cas de doute, vous pouvez également appeler le service Info Escroquerie de la Police Nationale joignable au numéro vert 0 805 805 817, de 09 h 00 à 18 h 30, du lundi au vendredi.

Reconnaître une arnaque sur un site marchand

Les différents types d’arnaques

Dans la section précédente, je vous ai donné quelques conseils pour identifier de faux sites de vente en ligne créés de toute pièce pour arnaquer les internautes.

Mais, comment faire pour identifier une arnaque sur des sites reconnus comme Backmarket, CDiscount, ManoMano, Amazon, ou encore la Fnac (pour ne citer qu’eux !) ?

Tous ces sites ont la particularité d’être ce que l’on appelle des « market place », autrement dit, des places de marché. Cela signifie que n’importe qui peut y créer des boutiques virtuelles et y vendre des produits, que ce soit les siens ou ceux des autres.

Si la grande majorité des vendeurs sont très sérieux, comme partout, il existe des personnes mal intentionnées qui vont chercher à vous tromper.

Sur ces sites, les arnaques vont être de différents types :

  • Prix du produit anormalement élevé ;
  • Produit jamais expédié ;
  • Impossibilité de contacter le vendeur / pas de SAV ;
  • Conclusion de la vente en dehors de la place de marché ;
  • Fraude par triangulation (création d’une fausse liste de produits à des prix plus élevés que la moyenne puis, lorsqu’un internaute réalise un achat, le vendeur expédie un produit acheté moins cher sur un autre site e-commerce, gardant au passage pour lui la différence) ;
  • Vol des données bancaires ;
  • Boutique qui disparaît après la commande ;

À noter que dans le cas précis de l’épidémie de COVID-19 la plupart des plateformes ont fait le ménage dans les annonces et ont interdit la mise en vente de certains produits comme les masques de protection, le gel hydroalcoolique ou de manière générale tous les produits qui promettaient de « tuer » le coronavirus.

Mes conseils

Voici quelques astuces pour éviter les arnaques :

  1. Comparez les prix : méfiez-vous des offres un peu trop basses pour être vraies. Certains produits, comme le gel hydroalcoolique, ont d’ailleurs vu leur prix être encadré par décret pour éviter les fraudes.
  2. Vérifiez les notes du vendeur et les commentaires des internautes : la plupart des plateformes permettent d’évaluer un vendeur. Sans être paranoïaque, méfiez-vous des vendeurs qui ont 100 % de commentaires positifs (cela peut être le signe que le vendeur à recours à des faux commentaires), mais encore plus de ceux qui ont un grand nombre de commentaires négatifs.
  3. Vérifiez la date de création de la boutique, les fausses boutiques ayant une durée de vie très courte. Ce n’est pas une preuve en soi, mais un bon indicateur.
  4. Prenez le temps de décortiquer la description du produit : est-elle précise et exhaustive sans être bourrée de fautes d’orthographe ou donner l’impression d’avoir été traduite automatiquement ?
  5. Ne concluez pas la vente ailleurs que sur le site marchand : dans ce type d’arnaque, l’internaute est souvent invité à contacter le vendeur par e-mail et à régler le produit par virement, et non par carte bancaire. De ce fait, les conditions générales de ventes de la plateforme ne s’appliquent pas et vous n’avez aucun recours ;
  6. Évitez les vendeurs localisés à l’étranger car les procédures pour régler les litiges sont plus complexes ;
  7. De manière générale, préférez les boutiques « officielles » à celles créées par des inconnus. Par exemple, si vous êtes sur le site de la Fnac, préférez les produits vendus par la Fnac plutôt que par un vendeur tiers.

Certains de ces conseils peuvent être aussi appliqués aux sites de petites annonces comme Le Bon Coin ou Vivastreet.

Que faire pour signaler une escroquerie ou si vous en êtes victimes ?

Signaler une arnaque

Il existe plusieurs dispositifs officiels ou non officiels pour signaler une fraude :

  • Le site web internet-signalement.gouv.fr, aussi connu par le nom de code PHAROS pour « Plateforme d’Harmonisation, d’Analyse, de Recoupement et d’Orientation des Signalements » ;
  • Pour signaler un appel indésirable ou un spam par SMS, vous pouvez le transférer au 33700 (voir le site https://www.33700.fr pour en savoir plus) ;
  • Le site communautaire non officiel signal-arnaques.com

Se faire aider

Si vous êtes victime d’une tromperie, vous pouvez contacter :

  • Votre banque, ou votre assureur ;
  • La plateforme Info Escroquerie de la Police Nationale au 0 805 805 817 (de 09 h 00 à 18 h 30 du lundi au vendredi – appel gratuit) ;
  • Les associations de consommateurs ;
  • La Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) 

Enfin, n’hésitez pas à porter plainte, surtout si l’escroc est localisé en France !

J’espère que ces quelques conseils vous auront été utiles. Attention toutefois à ne pas tomber dans la psychose : si les escroqueries sont bel et bien réelles, elles restent néanmoins minoritaires et il est même probable que vous n’en rencontriez jamais !

Vous avez d’autres astuces pour repérer les arnaques ? Indiquez-les en commentaires, elles pourront bénéficier à la communauté !

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